La fête de Meskal (qui signifie croix en amharique) célèbre la découverte de la croix par l’impératrice Hélène, mère de Constantin le Grand, le 19 mars 326. Pour les férus d’histoire religieuse, j’ai dû savoir mais je ne sais plus alors je vous laisse chercher… l’avantage des articles interactifs !

Cet événement est commémoré cette année le 27 septembre. C’est une importante célébration dans la vie religieuse des Éthiopiens orthodoxes et ce, depuis presque 1700 ans. Superposition d’une fête religieuse sur des célébrations païennes, Meskal est aussi l’occasion d’enterrer la vieille année, les rigueurs de la saison des pluies et des mauvais souvenirs...

Ce festival coïncide aussi avec l’éclosion  en masse de marguerites d’un jaune d’or, qu’on appelle adey abeba  en amharique. On aperçoit alors des personnes de tout âge transportant à travers les rues de frais bouquets de ces fleurs jaunes. Les sols des magasins, des restaurants en sont tapissés.

Hier, veille de Meskal, un peu partout dans la ville, de grands fagots ont été rassemblés en bûchers, au sommet  desquels se trouve une croix faite de adey abeba.

Dans la ville, en fin d’après-midi, les fidèles se sont rassemblés en procession et ont convergé vers Meskal square, conduits par des prêtres portant des vêtements chamarrés et accompagnés de musiciens. A partir de 16h00, la place a commencé à être envahie par des gens venus de 4 coins d’Addis-Abeba. Les militaires ont été tentés de discipliner tout ce petit monde, la croupe de cheval étant très utile dans ce cas mais que peuvent deux chevaux face à des milliers de fidèles et une poignée de farenjis bien décidés à participer aux réjouissances ?

Ce qui s’est passé entre 16h et 18h n’est pas extrêmement clair car nous étions noyés dans cet océan humain. J’ai vu, ou plus exactement distingué, des fidèles d’église paradant, chantant et dansant. Deux chars (inspiration venue des Angevines -pour les fougerais !-, de la Gay Pride ou de la Technoparade ???) ont fait quelques évolutions sur la place. Discours ou prières lancés depuis la tribune officielle, loin là-bas, si loin qu’il ne nous était pas possible de saisir un mot qu’il soit en amharique ou en anglais. Toutes ces variations se sont déroulées  sous l’œil bienveillant ( ?...) de feu Mélès Zénawi.

À la nuit tombée c’est devenu magique. Petit à petit tous les cierges se sont allumés. La place scintillait alors, un peu comme les galeries Lafayette à Noël !

Par moments, la foule lançait des cris d’encouragement, de joie. Alors on se mettait sur la pointe des pieds pour essayer d’entr'apercevoir ce qu’il se passait. Malgré nos efforts pour lutter contre l’attraction terrestre, impossible de distinguer précisément les mouvements. Le signal que nous nous attendions était l’embrasement du grand bûcher. Il y a eu plusieurs alertes et puis c’est arrivé. Avant de pouvoir distinguer les flammes, nous avons vu un immense nuage de fumée s’élever. Alors dans quel sens va la fumée ? De quel côté s’écroule le bûcher ? La direction prise par la fumée de ces feux indiquerait le lieu où se trouve la Vraie Croix ; le côté où s’effondre le bûcher indiquerait une année de guerre ou de paix, etc. Mes connaissances en matière de sens de la fumée et d'effondrement du bûcher n’étant pas étendues, je n’ai pu répondre à la question et je pense qu’il est préférable d’attendre l’avis éclairé du clergé.

Le bûcher s’est embrasé en un immense feu de joie et la foule a retenti  d’extase.

Cette immense foule rassemblée nous faisait craindre le départ. Comment évacuer tranquillement tout ce monde ? Et bien comme toujours en Ethiopie, ce qui nous paraît être une situation difficile voire inextricable, se dénoue finalement sans encombre. Tout le monde est parti par les artères partant de la place sans aucune difficulté, il fallait juste être patient !

L’année prochaine, je me dégote ou bien des amis habitant dans les immeubles de la place ou bien une invitation pour la tribune officielle ! 

Retour tranquille vers la maison. Quelques maisons plus haut, les habitants du quartier s’étaient rassemblés pour célébrer à force de musiques et de rires Meskal. Pauvre Sénafitch, elle a dû rester attachée jusqu’à 3h00 du matin, je ne voulais pas finir cette soirée avec des mollets croqués et des fesses chiquées !

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Un clin d'oeil depuis Meskal square. Quand ferveur religieuse et technologique s'unissent...

Regardez bien au centre... Si ce n'est pas évident vous pouvez normalement cliquer sur la photo pour l'avoir en grand format.